Un texte inédit des aventures du Petit Nicolas qui date un peu (2009), à l'époque pas si lointaine où il régnait sur la France. Certains personnages ont depuis disparu du décor politique, alors pour se rafraîchir la mémoire, on trouve dans leurs propres rôles de rigolos :
Rachida Dati Ségolène Royal
François Bayroux Roselyne Bachelot
Bernard Kouchner Jean-Marie Le Pen
Jean-Louis Borloo Brice Hortefeux
Et notre ami Nicolas Ier
On a fait un gouvernement
Ce matin, pendant la récré, j’ai eu une idée. C’est vrai, d’habitude, à la récré, on court, on crie, on embête les filles, on joue au foot, et pour finir, on se bat et on est punis par Rachida. Rachida, c’est la surveillante générale et j’aime autant vous dire qu’avec elle, ça rigole pas.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai dit aux copains qu’on allait jouer à faire un gouvernement, comme à la télé dans l’émission que j’ai vue hier soir où des tas de types réunis dans une grande salle parlaient en même temps qu’un autre type qui essayait de dire quelque chose, mais personne ne l’écoutait et le type n’avait pas l’air content.
Papa m’a expliqué que c’était l’Assemblée Nationale et que c’est là que se décidait l’avenir du pays et que si je me comportais comme ça en classe, j’aurai une baffe. A la fin, j’ai cru que le type de la télé tout seul sur l’estrade allait se mettre à pleurer, comme Ségolène, qui est la première de la classe et la chouchoute de la maîtresse, quand elle a fait deuxième à l’élection du représentant de la classe (c’est moi qui l’ai battue). En tout cas, à la télé, ça avait l’air super chouette et tout le monde avait l’air de beaucoup s’amuser, sauf le type sur l’estrade.
- Et comment on ferait ? a demandé François.
- Ben, j’ai dit, c’est simple, mon papa m’a expliqué qu’il faut un président, moi, qui choisit un premier ministre et que le premier ministre choisit des types pour former le gouvernement. Après, les types font des lois pour faire semblant d’améliorer la vie du peuple, mais le peuple ne comprend rien et descend dans la rue et les types du gouvernement rigolent bien et s’en foutent.
- Et pourquoi ce serait toi le président ? a demandé Ségolène. Le président doit être élu démocratiquement, c’est écrit dans la constitution.
- Toi la chouchoute, on t’a pas sonné, j’ai dit. Je serai président, parce que c’est moi qui en ai eu l’idée et pis c’est tout.
- Un président d’un mètre dix-huit, ça le fait pas, a dit Roselyne en avalant son deuxième croissant au beurre. C’est pas photogénique.
- Parce que toi, t’es photogénique, peut-être ? j’ai dit.
- Je suis pas une chouchoute ! a crié Ségolène. Et elle s’est mise à pleurer.
- Excuses-toi, Nicolas, a dit Roselyne en avalant une bouchée d’éclair au chocolat. Si elle fait sa crise, on va avoir Rachida sur le dos pendant toute la récré et on va encore avoir des ennuis.
- Bon, bon, ça va, j’ai dit à Ségolène. Si tu veux, tu pourras être présidente de l’opposition.
- C’est quoi, l’opposition, a demandé Bernard ?
- L’opposition, j’ai dit, c’est des types qui aimeraient bien prendre la place des types du gouvernement pour faire la même chose qu’eux, mais en disant qu’ils font le contraire. En fait, c’est comme le gouvernement, mais ça rapporte moins.
- C’est bon à savoir, a dit Bernard.
- Moi, a dit Jean-Marie, je ne joue pas. Mon papa dit que dans la politique, c’est tous des vendus. Par exemple, l’an dernier, je suis allé dans un camp de vacances à Auschwitz, en Allemagne et…
- Il faut qu'on choisisse des ministres, j’ai dit. Il en faut pour le sport, l’emploi…
- Est-ce que je pourrais finir ma phrase, s’il vous plaît ? a demandé Jean-Marie. C’est toujours pareil, je peux pas placer un mot. C’est un complot ! On me bâillonne ! Et il est parti bouder dans un coin. Il est fou Jean-Marie.
- Bon alors moi, je ferai ministre des sports et de la santé, a dit Roselyne en terminant son deuxième pain aux raisins.
- Toi, ministre des sports ? a dit Jean-Louis. T’es même pas capable d’attraper un ballon quand on te le lance. Tu me fais rigoler ! Et il s’est mis à rigoler.
- Ch’est vrai que t’aime cha, toi, les ballons. Churtout les ballons de rouge, a dit Roselyne en essayant d’avaler sa bouchée de millefeuille. Chi tu ne t’echxuses pas Jean-Louis, je te prive de gym. En tant que minichtre des chports, j’ai le droit !
- Répète ce que t’as dit s’il te plaît, a dit Jean-Louis. Moi, je serai ministre de l’emploi, comme ça, je mettrai ton papa au chômage et tu finiras dans la rue avec toute ta famille et tu auras tellement honte que tu devras t’exiler très loin dans un autre pays sous-développé que la France.
- Il vaut mieux être dans la rue qu’être un pochetron qui boit en cachette, a crié Roselyne qui avait enfin réussi à avaler.
Alors là ça a été terrible. Jean-Louis a donné une claque à Roselyne qui a d’abord été très surprise, comme maman la fois où j’ai pas fait dernier en composition d’anglais. Et puis Roselyne est devenue toute rouge et s’est mise à griffer Jean-Louis. Il faut dire qu’elle aime pas être interrompue quand elle mange, Roselyne. Avec Ségolène qui criait qu’elle voulait pas être présidente de l’opposition mais présidente tout court et qu’elle allait mourir si on ne la laissait pas être présidente et qu’elle était née pour être présidente, ça faisait un drôle de cirque dans la cour de récré. Et là, ça a pas raté, Rachida est arrivée en courant.
- Voulez-vous arrêter tout de suite, bande de petits sauvages ! a crié Rachida. Ca fait un moment que je vous observe et j’étais certaine que vous ne seriez pas capables de vous amuser calmement plus de deux minutes. Vous savez ce qu’il advient des graines de délinquants dans votre genre ? Après avoir fait le désespoir de leurs parents, ils finissent en prison, au pain sec et à l’eau, parfaitement !
- Ca nous changera pas beaucoup de l’école, a dit Jean-Louis.
- Ni de la cantine, a ajouté Jean-Marie.
- Qu’est-ce que tu as dit ? a demandé Rachida qui avait vraiment l’air nerveuse.
- Vous avez un permis de séjour ? a demandé Brice.
- Ouais, a dit Jean-Marie.
Mais heureusement, Rachida n’a pas entendu. Elle était trop occupée à essayer de calmer Ségolène qui avait des convulsions.
Finalement, on a tous été en retenue, mais c’est pas grave. Ca nous a beaucoup plu de jouer au gouvernement. Plus tard, faudra qu’on le fasse en vrai. Ce sera drôlement chouette.
Rachida Dati Ségolène Royal
François Bayroux Roselyne Bachelot
Bernard Kouchner Jean-Marie Le Pen
Jean-Louis Borloo Brice Hortefeux
Et notre ami Nicolas Ier
On a fait un gouvernement
Ce matin, pendant la récré, j’ai eu une idée. C’est vrai, d’habitude, à la récré, on court, on crie, on embête les filles, on joue au foot, et pour finir, on se bat et on est punis par Rachida. Rachida, c’est la surveillante générale et j’aime autant vous dire qu’avec elle, ça rigole pas.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai dit aux copains qu’on allait jouer à faire un gouvernement, comme à la télé dans l’émission que j’ai vue hier soir où des tas de types réunis dans une grande salle parlaient en même temps qu’un autre type qui essayait de dire quelque chose, mais personne ne l’écoutait et le type n’avait pas l’air content.
Papa m’a expliqué que c’était l’Assemblée Nationale et que c’est là que se décidait l’avenir du pays et que si je me comportais comme ça en classe, j’aurai une baffe. A la fin, j’ai cru que le type de la télé tout seul sur l’estrade allait se mettre à pleurer, comme Ségolène, qui est la première de la classe et la chouchoute de la maîtresse, quand elle a fait deuxième à l’élection du représentant de la classe (c’est moi qui l’ai battue). En tout cas, à la télé, ça avait l’air super chouette et tout le monde avait l’air de beaucoup s’amuser, sauf le type sur l’estrade.
- Et comment on ferait ? a demandé François.
- Ben, j’ai dit, c’est simple, mon papa m’a expliqué qu’il faut un président, moi, qui choisit un premier ministre et que le premier ministre choisit des types pour former le gouvernement. Après, les types font des lois pour faire semblant d’améliorer la vie du peuple, mais le peuple ne comprend rien et descend dans la rue et les types du gouvernement rigolent bien et s’en foutent.
- Et pourquoi ce serait toi le président ? a demandé Ségolène. Le président doit être élu démocratiquement, c’est écrit dans la constitution.
- Toi la chouchoute, on t’a pas sonné, j’ai dit. Je serai président, parce que c’est moi qui en ai eu l’idée et pis c’est tout.
- Un président d’un mètre dix-huit, ça le fait pas, a dit Roselyne en avalant son deuxième croissant au beurre. C’est pas photogénique.
- Parce que toi, t’es photogénique, peut-être ? j’ai dit.
- Je suis pas une chouchoute ! a crié Ségolène. Et elle s’est mise à pleurer.
- Excuses-toi, Nicolas, a dit Roselyne en avalant une bouchée d’éclair au chocolat. Si elle fait sa crise, on va avoir Rachida sur le dos pendant toute la récré et on va encore avoir des ennuis.
- Bon, bon, ça va, j’ai dit à Ségolène. Si tu veux, tu pourras être présidente de l’opposition.
- C’est quoi, l’opposition, a demandé Bernard ?
- L’opposition, j’ai dit, c’est des types qui aimeraient bien prendre la place des types du gouvernement pour faire la même chose qu’eux, mais en disant qu’ils font le contraire. En fait, c’est comme le gouvernement, mais ça rapporte moins.
- C’est bon à savoir, a dit Bernard.
- Moi, a dit Jean-Marie, je ne joue pas. Mon papa dit que dans la politique, c’est tous des vendus. Par exemple, l’an dernier, je suis allé dans un camp de vacances à Auschwitz, en Allemagne et…
- Il faut qu'on choisisse des ministres, j’ai dit. Il en faut pour le sport, l’emploi…
- Est-ce que je pourrais finir ma phrase, s’il vous plaît ? a demandé Jean-Marie. C’est toujours pareil, je peux pas placer un mot. C’est un complot ! On me bâillonne ! Et il est parti bouder dans un coin. Il est fou Jean-Marie.
- Bon alors moi, je ferai ministre des sports et de la santé, a dit Roselyne en terminant son deuxième pain aux raisins.
- Toi, ministre des sports ? a dit Jean-Louis. T’es même pas capable d’attraper un ballon quand on te le lance. Tu me fais rigoler ! Et il s’est mis à rigoler.
- Ch’est vrai que t’aime cha, toi, les ballons. Churtout les ballons de rouge, a dit Roselyne en essayant d’avaler sa bouchée de millefeuille. Chi tu ne t’echxuses pas Jean-Louis, je te prive de gym. En tant que minichtre des chports, j’ai le droit !
- Répète ce que t’as dit s’il te plaît, a dit Jean-Louis. Moi, je serai ministre de l’emploi, comme ça, je mettrai ton papa au chômage et tu finiras dans la rue avec toute ta famille et tu auras tellement honte que tu devras t’exiler très loin dans un autre pays sous-développé que la France.
- Il vaut mieux être dans la rue qu’être un pochetron qui boit en cachette, a crié Roselyne qui avait enfin réussi à avaler.
Alors là ça a été terrible. Jean-Louis a donné une claque à Roselyne qui a d’abord été très surprise, comme maman la fois où j’ai pas fait dernier en composition d’anglais. Et puis Roselyne est devenue toute rouge et s’est mise à griffer Jean-Louis. Il faut dire qu’elle aime pas être interrompue quand elle mange, Roselyne. Avec Ségolène qui criait qu’elle voulait pas être présidente de l’opposition mais présidente tout court et qu’elle allait mourir si on ne la laissait pas être présidente et qu’elle était née pour être présidente, ça faisait un drôle de cirque dans la cour de récré. Et là, ça a pas raté, Rachida est arrivée en courant.
- Voulez-vous arrêter tout de suite, bande de petits sauvages ! a crié Rachida. Ca fait un moment que je vous observe et j’étais certaine que vous ne seriez pas capables de vous amuser calmement plus de deux minutes. Vous savez ce qu’il advient des graines de délinquants dans votre genre ? Après avoir fait le désespoir de leurs parents, ils finissent en prison, au pain sec et à l’eau, parfaitement !
- Ca nous changera pas beaucoup de l’école, a dit Jean-Louis.
- Ni de la cantine, a ajouté Jean-Marie.
- Qu’est-ce que tu as dit ? a demandé Rachida qui avait vraiment l’air nerveuse.
- Vous avez un permis de séjour ? a demandé Brice.
- Ouais, a dit Jean-Marie.
Mais heureusement, Rachida n’a pas entendu. Elle était trop occupée à essayer de calmer Ségolène qui avait des convulsions.
Finalement, on a tous été en retenue, mais c’est pas grave. Ca nous a beaucoup plu de jouer au gouvernement. Plus tard, faudra qu’on le fasse en vrai. Ce sera drôlement chouette.